Le syndrome de la bandelette ilio-tibiale ou syndrome de l’essuie-glace
Cette pathologie est une inflammation la bandelette ilio-tibiale (aussi appelée ITB, « Ilio-Tibial Band » en anglais), ce tendon plat qui relie la partie externe de la hanche et le haut du tibia. Le symptôme prédominant est une douleur au niveau de la face externe du genou, plus rarement au niveau de la hanche. Il affecte en grande majorité les coureurs de fond mais aussi les cyclistes et les amateurs de randonnée.
Voyons ensemble les spécificités de cette pathologies, les traitements possibles et les bonnes habitudes à prendre en prévention.
A/ Qu'est-ce que le syndrome de la bandelette ilio-tibiale appelé également syndrome de l'essuie-glace ?
1/ Les causes du syndrome de la bandelette ilio-tibiale
Débutons par une courte leçon d'anatomie. La bandelette ilio-tibiale est un tendon plat en forme de lame auquel sont attachés trois grands muscles : le moyen et le grand fessier ainsi que le muscle tenseur du fascia lata (TFL). Cette bandelette court sur la face externe de votre cuisse de la crête iliaque (hanche/haut du fémur) au tubercule de Gerdy (haut du tibia/sous le genou).
De part sa localisation et ses points d'attache, la bandelette ilio-tibiale est sollicitée lors des mouvements des hanches, du bassin et des genoux. En effet, lors de flexion et d'extension du genou ou d'abduction et rotation externe de la hanche, la bandelette ilio-tibiale se contracte. Cette contraction accompagne la contraction musculaire qui permet de faire bouger les os et donc de produire un mouvement. Elle a aussi un rôle dans la stabilisation latérale du genou lorsqu'il est fléchi.
Lors de la marche ou de la course, le genou est successivement en flexion/extension. La bandelette ilio-tibiale se contracte et se relâche alors au même rythme. Cette contraction/relâchement induit un mouvement d 'avant en arrière de la bandelette. C'est de ce va-et-vient permanent qu'est né le terme « syndrome de l'essuie-glace ».
Mécaniquement, à chaque contraction, la bandelette ilio-tibiale se rapproche des os, notamment de l'épicondyle fémoral latéral et du condyle fémoral latéral. Lorsque le mouvement est intensément répété ou que la bandelette est excessivement étirée, les frictions entre l'os et le tendon entraînent une inflammation de ce dernier. C'est le syndrome de la bandelette ilio-tibiale ou syndrome de l'essuie- glace.
2/ Les facteurs favorisant ce type de tendinite du genou
Les études ont montré que la friction entre la bandelette ilio-tibiale et l'os est la plus forte lorsque le genou est fléchi entre 20 et 30°. Cette ouverture du genou correspond au moment où, en course à pied, le coureur pose le pied sur le sol et le moment où il lève le pied. Cette tension sur la bandelette ilio- tibiale est encore accrue par l'importante contraction des muscles fessiers et du muscle tenseur du fascia lata à ces moments précis, afin de stabiliser la jambe lors de l'impact au sol.
C'est donc logiquement le plus souvent chez les pratiquants de course à pieds que le syndrome de l'essuie-glace apparaît. Les coureurs de fond sont tout particulièrement touchés : qui dit longue distance dit répétition démultipliée du mouvement. De même, les coureurs de trail / cross qui évoluent sur des terrains accidentés et aux dénivelés importants sont aussi prones à développer cette inflammation : courir en descente amplifie en effet la pression exercée sur la bandelette ilio-tibiale. Pour la même raison, les randonneurs, en montagne notamment, peuvent aussi être atteints de cette pathologie.
Les facteurs morphologiques
Sans être un athlète, tout pratiquant d'un sport basé sur la répétition du mouvement est aussi à risque. Et ce, d'autant plus lorsque la préparation sportive n'est pas adéquate. Les fessiers, fascia lata et quadriceps insuffisamment musclés peuvent être source de problème. Mais aussi, on peut énumérer l'échauffement et/ou récupération expédiés ou inexistants, surentraînement (sessions trop longues ou trop fréquentes), mauvaise posture, chaussures usées ou inadaptées.
Des facteurs morphologiques peuvent aussi jouer dans l'apparition du syndrome : des pieds plats ou une voûte plantaire très creusée qui entraînent une pronation ou une supination du pied, un genu varum (jambes arquées) ou un genu valgum (genoux déviés vers l'intérieur), des chevilles ou des hanches à la flexion empêchée, des jambes de longueurs différentes. Ces spécificités physiques rapprochent mécaniquement la bandelette ilio-tibiale des os et entraînent une friction délétère.
3/ Les symptômes du syndrome de l'essuie-glace
La plupart des patients viennent consulter pour une douleur sur la face latérale du genou au niveau de l'articulation fémur-péroné (partie basse du genou) qui, parfois, irradie sur la face externe de la cuisse. Il arrive aussi, bien que plus rarement, que la douleur se situe au niveau de la hanche, à l'endroit où la bandelette peut achopper sur le grand trochanter.
Cette douleur peut s'accompagner d'une rougeur et d'une sensation de chaleur à la surface de la peau. Un son de cliquetis sourd ainsi qu'une sensation de crissements sont aussi souvent remarqués.
Les premiers temps, la douleur ne se réveille qu'après une vingtaine de minutes de course ou de marche. Elle disparaît au repos. Si la douleur n'est pas prise en compte, elle apparaîtra de plus en plus rapidement jusqu'à parfois être ressentie lors des actes de la vie quotidienne ou même pendant des périodes d'inactivité. Elle deviendra aussi de plus en plus aiguë et entraînera alors souvent l'arrêt de la pratique sportive.
B/ Le diagnostic du syndrome de la bandelette ilio-tibiale ou syndrome de l'essuie-glace
1/ L'anamnèse, l'examen clinique et les tests dynamiques du syndrome de la bandelette ilio-tibiale
Le médecin passe en revue l'historique de la plainte (localisation et description de la douleur) et les antécédents médicaux du patient. C'est ce qui constitue l'anamnèse. Il s'enquière ensuite des pratiques sportives du patient : quel type d'activité physique pratique le patient ? La douleur apparaît-elle lors de longues distances de course à pied ou de marche active ? Est-elle récurrente lors de course en descente ? Disparaît-elle au repos ? Le praticien peut aussi demander à examiner les chaussures du patient. L'usure des talons donne une bonne indication quant à la position du pied qui peut être fautive. Il peut entraîner une tension excessive sur la bandelette ilio-tibiale.
L'examen clinique permet ensuite d'affiner le diagnostic. La localisation précise de la douleur est primordiale mais parfois difficile à définir via un examen classique. Deux tests mécaniques permettent de reproduire les positions propres à l'apparition du syndrome : le test de Noble et le test de Renne.
Le test de Noble se pratique allongé. Le professionnel de santé fléchit alors le genou du patient à un angle de 30° puis appuie au niveau de l'épicondyle fémoral latéral et du condyle fémoral latéral. En plus de l'apparition de la douleur incriminée, le praticien pourra ressentir une sorte de crissement sous ses doigts.
Le test de Renne se pratique en appui unipodal (debout sur une jambe). Le patient plie le genou entre 30 et 40°. La douleur apparaît.
Il est primordial qu'un professionnel encadre ces tests car isoler les muscles et tendons adéquats requiert une bonne connaissance de l'anatomie humaine.
2/ Les actes d'imagerie médicale et les diagnostics différentiels du syndrome de la bandelette ilio-tibiale
La radiographie ne permet pas de diagnostiquer un syndrome de l'essuie-glace. L'IRM ou l'échographie peuvent parfois révéler une inflammation de la bourse séreuse du genou ou du coussinet adipeux de Hoffa. Ils sont des indices supplémentaires permettant de confirmer le diagnostic.
Mais les actes d’imagerie médicale sont surtout prescrits afin de s'assurer qu'aucune autre pathologie n'est à l'origine de la douleur. On peut avoir l'arthrose, une lésion du ménisque latéral ou du plateau tibial latéral, une tendinite du biceps fémoral ou du muscle poplité, une pathologie de la hanche irradiant jusqu'au genou.
C/ Traitements du syndrome du tractus ilio-tibial (STIT)
1/ Le repos
Une fois le diagnostic posé, le repos sportif est primordial. Sa durée est propre à chaque patient et déterminée par le praticien. Il est souvent d’au moins 2 à 3 semaines. Il s’accompagne d’un traitement de la douleur médicamenteux si nécessaire, souvent des anti-inflammatoires. La mésothérapie est envisageable ainsi que la thérapie laser. Il peut aussi être intéressant d’apposer plusieurs fois par jour une poche de glace enveloppée dans un linge sur la face externe du genou. De même, des cataplasmes d’argile peuvent être bénéfiques. Enfin, un auto-massage à l’aide d’un rouleau de massage (ou foam roller) peut aussi apaiser la douleur.
2/ La rééducation
La phase de repos effectuée, une rééducation menée par un kinésithérapeute permet d'accélérer la cicatrisation de la bandelette ilio-tibiale. Des massages transverses profonds ou des ondes de choc par exemple stimuleront les tissus tendineux.
3/ Le bilan postural
Il faut ensuite déterminer ce qui a provoqué l'apparition du syndrome de l'essuie-glace. Votre médecin est à même de débusquer des causes qui seraient inhérentes à votre morphologie.
D'autre part, une étude de votre posture est primordiale afin de ne pas retomber dans la même ornière dans quelques mois. Un kinésithérapeute, un ostéopathe et un podologue-posturologue seront alors vos alliés. Un bilan postural et une analyse de votre course à pied sur tapis baropodométrique permettent de définir vos besoins: renforcement musculaire, semelles orthopédiques, chaussures de course adéquates.
4/ La chirurgie
Les traitements du syndrome de l'essuie-glace sont majoritairement non-invasifs. La chirurgie n'est évoquée qu'en de rares exceptions et en dernier recours.
5/ La reprise du sport
La dernière étape de la prise en charge du syndrome de l’essuie-glace est une reprise sportive progressive. Premier point à garder à l’esprit : aucune douleur ne doit être ressentie lors de la pratique.
Ensuite, il faut mettre au point un planning d’entraînement pas à pas : courir ou marcher sur le plat, privilégier le fractionné (c’est-à-dire alterner course et marche), diminuer la durée des sessions. Puis, au fil du temps, on peut augmenter la vitesse puis la durée de l’entraînement, sans oublier le renforcement musculaire. Ensuite seulement, on pourra diversifier les terrains d’entraînement, plus ou moins accidentés. Les premiers temps, ne courrez dans des descentes qu’en fin de session.
D/ La prévention de la tendinite du muscle tenseur du fascia lata
La prévention passe par une bonne connaissance de ses spécificités musculo-squelettiques, de sa posture et de sa course. Cela vous permet ensuite de choisir les accessoires parfaitement adaptés à vos problématiques.
Ainsi, des chaussures de course adaptées à votre morphologie, votre posture et votre pied, ainsi que des semelles orthopédiques si besoin, vous aideront à conserver un bon alignement. Des genouillères spécifiques et la pause de tape (une sorte de bandage adhésif que l'on vient poser en renfort le long de la bandelette ilio-tibiale) peuvent aussi vous aider à courir sans dommage. Votre kinésithérapeute saura vous conseiller quant à leur utilité dans votre cas et leur utilisation.
Une bonne musculature est aussi éminemment importante. Privilégiez le renforcement musculaire des grands et moyens fessiers et du tenseur fascia lata. De même, des exercices de musculation visant à stabiliser le bassin et le genou vous permettront de ne pas faire peser une trop grande tension sur la bandelette ilio-tibiale. Enfin un bon gainage des abdominaux renforce votre dos et améliore votre posture générale. Le squelette est mieux porté, vos genoux nécessitent moins de stabilisation, la bandelette ilio-tibiale est moins sollicitée.
Dernier point : prenez le temps de bien vous échauffer et de bien vous étirer avant et après vos sessions. Et auto-massez-vous : cela accélère la phase de récupération en oxygénant les tissus.
Bien préparé, votre corps sera protégé. Peut-être ne souffrirez-vous alors jamais du syndrome de l'essuie-glace !
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À PROPOS DE L’AUTEUR
Lidia Perner a plus de 20 ans d'expérience dans le secteur de la santé et du bien-être. En développant des produits qui offrent des réels bénéfices et en les introduisant avec succès sur le marché, Lidia a aidé des milliers de personnes à améliorer leur qualité de vie. Elle est passionnée par les modes de vie sains et diverses activités physiques. Lidia est fondatrice et PDG d'Inphysio.fr. Vous pouvez retrouver Lidia sur Linkedin.
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