Sirsasana (prononcez shir-sa asa-na) ou « posture sur la tête » est une pose de yoga particulièrement impressionnante à voir exécuter et toute aussi exigeante à pratiquer. Il faudra maîtriser de nombreuses poses intermédiaires et préparatoires avant de pouvoir éventuellement l’exécuter.
Néanmoins, comme pour toute posture de yoga, le challenge physique n’est souvent que l’arbre qui cache la forêt. Cet asana (« posture » en sanskrit) cache en effet en lui une spiritualité que la pratique moderne et occidentale peut parfois gommer au profit de l’exercice corporel.
Voyons ensemble ce qui fait de Sirsasana « le roi des asanas ».
Sirsasana est composé des termes sanskrit « shirsa » qui signifie tête et « asana » qui signifie « posture » ou « siège / assise ». Le terme « siège » renvoie au fait de s'asseoir dans une pose, de s'y déposer pour transcender son aspect physique et accéder alors à sa dimension spirituelle.
En d'autres termes, exécuter une posture de yoga, telle que l'enseigne la tradition originelle, comprend un aspect corporel, énergétique, mental, émotionnel et spirituel. Une pratique réalisée dans toutes ces dimensions rend le pratiquant complet, suffisant et parfaitement épanoui, en parfaite équilibre entre Le Faire et L'Être.
Comme toutes les poses de yoga, Sirsasana est plus qu'une posture. C'est un cheminement spirituel en soi. D'ailleurs, le Hatha Yoga Pradipika, texte fondateur du XVème siècle du Hatha yoga, le classe parmi les mudras. Les mudras sont ces gestes spécifiques qui accompagnent une prière et qui fixent les intentions dans le mental.
Pratiquer sirsasana, c'est donc s’asseoir, se déposer sur la tête. C'est porter nos pieds aux nues et ancrer notre tête au sol, l'exact opposé de notre normalité. Une fois déposé dans cette anormalité, le pratiquant pose un œil neuf sur le monde. Il l'entrevoit comme il ne l'avait peut-être jamais envisagé. Et pourtant le monde en lui-même n'a pas changé. Seul le regard posé sur lui est tout autre. Sirsasana permet donc de repenser son rapport au monde tout en conservant son équilibre face à la nouveauté.Cette posture enseigne l'accueil de l'inconnu dans le calme et avec une curiosité bienveillante.
L'exécution de la posture sur la tête est un cheminement vers cette acceptation de l'aléatoire, de l'inconnu et l'apprivoisement de la peur qui peut naître face à cette réalité que l'on ne maîtrise pas. L'enseignement que propose sirsasana est là.
Et en ce sens, la posture-même de sirsasana est parlante. En effet, en l'exécutant, le pratiquant se met à la fois face à une réalité sens dessus dessous et dans une position où il ne peut pas fuir. Avouez qu'il est difficile de prendre ses jambes à son coup lorsque l'on se tient sur la tête. De même, au moindre tressaillement, l'alignement se perd et le déséquilibre fait vaciller le yogi. Il ne peut pas esquisser le moindre mouvement. Il doit faire face à l'inconnu, immobile et calme.
D'ailleurs, envisager seulement de se confronter à cette pose, c'est déjà un premier pas vers sirsasana. En effet, c'est une posture qui impressionne d'emblée dans l'imaginaire yogi. On l'envisage comme le Graal à atteindre. Puis, en travaillant à l'exécution de la pose, on a peur de tomber, de se faire mal. Sirsasana, c'est donc l'apprivoisement de la peur. Ce n'est pas son rejet, son déni ou travailler à sa disparition. C'est accepter l'inconfort et l'inconnu comme allant de soi. Une fois cet enseignement fait sien, le yogi est calme, ancré et humble face au chaos du monde, tout comme à son chaos intérieur.
Sirsasana est une posture inversée. Les postures de yoga inversées positionnent le cœur au dessus de la tête. Les positions chien tête en bas (Adho Mukha Svanasana ), de la chandelle (sarvangasana), de la charrue (Halasana) ou sur la tête (Sirsasana) sont des postures inversées.
Elles ont de grands bénéfices physiques mais aussi spirituels. Certains disent que ces postures permettent de travailler la confiance en soi. La foi (en soi, en le monde) émanant du cœur se renforce à travers ces positions. Pour une fois l'esprit, qui est souvent tourné vers les vicissitudes du passé auxquelles on ne peut rien changer et les présupposés du futur qui n'adviendront peut-être jamais, laisse un peu d'espace au cœur. Un espace où le cœur s'épanouit, se fortifie et peut exprimer tout son potentiel.
Travailler au bon alignement des différentes parties du corps permet de se positionner dans une posture neutre qui protège l'ensemble de l'organisme, notamment la colonne vertébrale, et permet une bonne circulation énergétique. Ce travail vous servira autant dans votre quotidien que lors de votre séance de yoga. Il requiert une bonne connaissance de son corps ainsi qu'une écoute attentive à ses sensations. C'est un travail perpétuel car l'alignement d'un jour ne sera pas celui du lendemain.
Le travail sur l'alignement est primordial et il est au cœur de la pratique du yoga. Nous en voulons pour preuve la pose de la montagne (tadasana), point d'ancrage de tout enchaînement de postures. Elle peut ne pas payer de mine mais c'est pourtant une des postures les plus difficiles à maîtriser. Tadasana est le pendant de sirsasana : elle peut sembler beaucoup plus simple à réaliser et pourtant elle requiert la même écoute, la même finesse d'exécution. Toutes les deux exigent un alignement affûté dans leur exécution.
Sirsasana, posture inversée poussée à son paroxysme, promeut à l'extrême cet alignement bienfaisant autant durant l'apprentissage de cette posture que lors de son exécution et dans son maintien. Elle encourage une écoute fine aux sensations corporelles ainsi qu'un positionnement pointilleux.
Gardez à l'esprit que de cet alignement adéquat découle un bon équilibre et non l'inverse. En effet, l'équilibre peut être maintenu grâce à des mécanismes de compensation qui sont souvent délétères pour le squelette, les muscles, les tissus conjonctifs, les articulations. Ce n'est pas sur lui que doivent se concentrer vos efforts mais sur l'alignement corporel. Votre corps vous en remerciera au quotidien.
L'inversion permet au flux sanguin d'affluer vers le cœur et le cerveau. Le retour veineux est grandement facilité, le cœur se repose et votre cerveau est intensément oxygéné. Vos jambes s'allègent, votre esprit s’éclaircit, votre capacité de concentration est décuplée, votre ouïe et votre vue s'affinent. De même, durant la posture sur la tête, la gravité joue positivement sur le système lymphatique et le stimule. La lymphe collecte les toxines et autres bactéries et contient aussi de nombreux globules blancs. Elle participe à un système immunitaire performant et Sirsasana est son allié.
Travailler sa ceinture abdominale en profondeur permet de soutenir la colonne vertébrale et de la maintenir dans l'axe idoine. Cela permet aussi un bon soutien des viscères. La colonne vertébrale est grandie et les différentes parties du corps sont alignées.
Un dos musclé et des abdominaux renforcés supportent une partie du squelette et amortissent les chocs. Cela permet de réduire les maux de dos car la pression sur les disques intervertébraux est amoindrie.
De plus, la position sur la tête entraîne un massage des organes, notamment du foie et de la rate : la digestion et le transit intestinal sont facilités.
La posture sur la tête ne doit pas être envisagée de façon débonnaire. Gardez à l'esprit que, mal exécutée, elle peut être responsable de blessures sérieuses au niveau des cervicales.
C'est pourquoi une pratique encadrée est primordiale et son apprentissage doit être très progressif. Afin d'encourager cet accompagnement sécurisant et bénéfique, nous de détaillerons pas les étapes d'exécution de sirsasana dans ce article.
Voyons tout de même ensemble quelques points à travailler pour une pratique sans danger et bienfaisante de sirsasana.
Un travail sur l'alignement et le gainage, notamment des abdominaux et du dos, est impératif. Le renforcement des épaules et de la ceinture scapulaire est aussi nécessaire. Concernant ce point, la posture du dauphin (ardha pincha mayurasana) est toute indiquée.
Échauffez-vous aussi avec soin.
Un travail sur la respiration est aussi important, comme pour toute pratique de yoga. Ce point est d'autant plus important à rappeler pour sirsasana car le pratiquant peut avoir tendance à bloquer sa respiration une fois en position. Au contraire, tranquillisez-vous et déposez-vous dans la pose en respirant par le nez.
Enfin, gardez à l'esprit que d'autres postures inversées apportent les mêmes bénéfices que sirsasana. C'est notamment le cas de sarvangasana, la posture sur les épaules, aussi appelée chandelle . On la surnomme «la reine des asanas ».
Sollicitez un avis médical au préalable avant d'exécuter la posture sur la tête en cas de :
Cette liste n'est pas exhaustive. N'hésitez pas à en parlez à votre médecin et à vos instructeurs ou instructrices de yoga.
Sachez aussi que sirsasana ne doit pas être pratiqué avant l'âge de sept ans. En effet, plus jeune, l'enfant a un crâne encore trop souple.
Bonne pratique, en toute sécurité et dans la bienveillance !
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À PROPOS DE L’AUTEUR
Lidia Perner a plus de 20 ans d'expérience dans le secteur de la santé et du bien-être. En développant des produits qui offrent des réels bénéfices et en les introduisant avec succès sur le marché, Lidia a aidé des milliers de personnes à améliorer leur qualité de vie. Elle est passionnée par les modes de vie sains et diverses activités physiques. Lidia est fondatrice et PDG d'Inphysio.fr. Vous pouvez retrouver Lidia sur Linkedin.
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